Je ne retournerai jamais en enfance, j'y suis toujours restée ...


«Coucou, elle est trop belle ta robe, tu veux être ma copine ?»
-«Ben... oui mais toi tu veux être ma copine juste parce que ma robe est belle ?»
«Ben oui et non !»
Scénario type à première vue, au primaire on se fait facilement de nouveaux amis, c'est beaucoup moins compliqué que lorsque nous sommes adultes . J'ai un certain souvenir de mes vacances à la mer : je prenais mon sceau, ma belle et je marchais dans le sable, le long du bord m'arrêtant devant chaque serviette en demandant «Tu veux jouer avec moi ?» . Sauf que, j'avais un avantage, ou du moins c'est ce que pensaient mes parents, moi évidemment je n'étais pas encore capable d'assimiler correctement ce qu'ils disaient . Pour mes géniteurs, j'avais le gros avantage de posséder que de belle choses de part leurs fortunes respectives . Ma mère était Rédactrice en Chef pour un grand magasine et mon père quand à lui, travaillait dans le commerce international. Certes, ils avaient un compte en banque bien remplit mais leurs agendas l'étaient tout autant . La plupart du temps, je restais avec ma nounou puisque mes parents rentraient tard ou bien ils étaient sans cesse en déplacement . Difficile d'emmener une petite fille de sept ans à travers le monde lorsque celle ci est en pleine scolarité : ils optèrent pour une solution plus raisonnable en décidant de m'inscrire dans une école privé, à Montmartre. C'était encore la belle vie plus ou moins, je pouvais rester où je voulais, avoir les amis que je choisissais mais surtout, on ne me recherchait pas pour mon argent mais plutôt pour ce que j'étais .

Nul n'est plus misanthrope qu'un adolescent déçu .



Le temps me rattrapai très vite, trop vite même et je ne vis même pas arriver le moment où je dus dire au-revoir à tout mes amis . En rentrant du lycée comme chaque soir, je pus entendre la conversation de mes parents dans la cuisine . Certes, à la base c'était censé être une conversation privé mais j'en savais trop et je ne pouvais pas encore réaliser ce qui allait se produire .
«Quoi ?! C'est une blague ? Ce n'est pas le 1er avril que je sache aujourd'hui .»
C'est alors qu'en plein milieu du repas, ils m'annoncèrent que j'allais devoir partir avec eux à New York, ma mère étant mutée pour son travail . Je venais à peine de rentrer en Première, j'avais eu la chance d'être dans la classe de ma meilleure amie et cela faisait presque un an que j'étais avec mon copain que j'aimais plus que tout . L'âge ingrat avez-vous dit ? Je ne vous le fait pas dire . Quelque part, ça me faisait plaisir de partir vu que le modèle «Lycée Américain» me faisait vraiment rêver, mais en même temps, ma vrai vie était à Paris et il m'était très difficile de renoncer à mes repères, étant de nature très réservée.
Malheureusement, mes parents ne me laissèrent pas le choix. Heureusement, je parlais couramment l'anglais ce qui me facilitait un peu la tâche C'était une de mes grandes passions de regarder des tonnes de films et de séries en version originale. Je gardais toujours le maximum de contact avec mes amis car je ne voulais pas les oublier et je ne voulais pas qu'ils m'oublient surtout . Avec mon copain, c'était beaucoup plus compliqué... nous nous aimions c'était une évidence, mais la distance faisait que c'était bien trop dur de ne pas pouvoir se voir comme avant . D'un commun-accord, nous décidâmes donc de se séparer à contre coeur .
Je n'aimais pas ma vie aux Etats Unis, j'avais l'impression d'être «fausse» . Il fallait tout le temps que je sois sur mes gardes afin de ne pas tomber dans l'excès, malheureusement les fêtes eurent raison de moi . J'étais toujours sérieuse évidemment, mais comme on dit «ce qui est en soirée, reste en soirée» ou du moins, c'est ce que je pensais . Après une soirée bien arrosée, je dus faire face à mes démons : j'avais joué avec le feu et pour preuve, j'avais à ma disposition des photos compromettantes à mon sujet, des photos qui ne devait jamais être dévoilées . A New York, les lycéens aiment faire des coups bas pour démontrer leurs puissances et devenir populaire . Pour une foi, l'argent de mes parents était mon ami, je donnais de l'argent chaque semaine à cette fille qui possédait ces images . Elle me faisait chanter, mais je n'avais aucun autre moyen pour remédier à la situation . Par je ne sais quel moyen, ces photos furent dévoilés et mon calvaire commença . On riait, on m'insultait, on m'ignorait ou alors on se servait de moi . Je n'avais qu'une hâte, finir cette dernière année pour rentrer à nouveau chez moi, à Paris quitte à laisser mes parents dans leurs merveilleuse Amérique ...

Pensez vous qu'il faut oublier son passé pour se créer un avenir ?



Une foi mon BAC en poche, je pus enfin quitter ce pays . C'était un endroit très beau mais je n'avais qu'une seule envie : rentrer chez moi . J'étais majeure et d'ailleurs, j'imposais mes droits face à mes parents, je n'étais pas seule à Paris, bien au contraire et je voulais seulement laisser mon passé derrière moi et repartir à zéro .
Très vite, la faculté fut ma nouvelle école et je pus enfin étudier grâce à une sérénité d'esprit.
Aujourd'hui, je suis donc professeur d'anglais dans un lycée. Les élèves sont très gentils avec moi parce que je suis en rapport d'âge avec eux et j'arrive plutôt bien à les comprendre, c'est d'ailleurs difficile parfois de s'imposer face à eux étant donné mon jeune âge .